Tout le monde sait qu’il existe plusieurs maisons d’aide et d’hébergement pour femmes violentées et leurs enfants. Les gens tendent par contre à croire que la problématique de la violence conjugale est en baisse au Québec et que ces maisons ne sont plus nécessaires.
Pourquoi? Parce qu’on associe beaucoup trop la violence conjugale à la violence physique, comme si les autres formes de violence n’existaient pas ou étaient moins graves, moins difficiles à endurer. Il est vrai que quand ce n’est pas physique ou sexuel, on en entend beaucoup moins parler, ce n’est pas assez sensationnel. De plus, lorsque la violence se passe uniquement entre conjoints, on croit que les enfants sont épargnés. Petit article pour remettre les pendules à l’heure.
Il existe cinq formes de violence dont peuvent être victimes les femmes dans leur relation conjugale :
- Violence physique : La forme de violence la plus connue, mais pas la plus répandue. Elle se caractérise par des coups, des blessures infligées à la victime, des objets lancés dans sa direction. Un conjoint qui frappe dans le mur pour intimider sa victime est violent physiquement.
- Violence sexuelle : Et oui, il est possible d’être agressée sexuellement par son conjoint. La violence sexuelle se définie par tout acte sexuel auquel une femme est contrainte, qu’il lui soit imposé par son conjoint ou tout autre personne. Un conjoint ne dispose pas de tous les droits sur le corps de sa partenaire, tout est une question de consentement. On parle ici également de pornographie, prostitution, etc.
- Violence psychologique : Probablement la forme de violence la plus répandue, la plus sournoise, et celle qui laisse le plus de traces chez la victime. Il s’agit de paroles blessantes ayant pour objectif de diminuer l’autre, d’atteindre son estime personnelle. Ex : « Je savais que tu ne réussirais pas, tu ne fais jamais rien de bien » ou « Tu pourrais faire un effort pour t’arranger, tu n’es pas présentable, j’ai honte de toi ».
- Violence verbale : Très répandue aussi, cette forme de violence ressemble beaucoup à la violence psychologique, mais est plus directe. Ce sont des paroles qui servent à attaquer. Ex : « Tu n’es qu’une criss de folle! » ou « Vas te faire foutre ».
- Violence économique : La forme de violence la plus abstraite pour la majorité des gens. Il s’agit de se servir de l’argent pour maintenir sa victime sous son joug. Par exemple, forcer la victime à quitter le marché du travail dans le but qu’elle devienne dépendante financièrement du conjoint. Il peut s’agir aussi de forcer la victime à remettre son salaire à son agresseur, sous prétexte qu’elle n’est pas capable de l’administrer.
La violence conjugale, c’est une prise de contrôle délibérée d’une personne sur une autre. Ce n’est en rien une perte de contrôle. Les agresseurs justifient leurs comportements, mettant souvent la faute sur la victime, ce qui a pour conséquence que les femmes se sentent coupables et n’osent pas dénoncer. Elles espèrent aussi qu’avec leur amour, elles réussiront à changer celui qu’elles aiment.
Il ne faut pas oublier que le cycle de la violence est ponctué de lunes de miel, nécessaires pour que la femme s’accroche à ce qu’il y a de bon en son agresseur. Ça fait partie de la stratégie de ce dernier.
Et les enfants dans tout ça?
S’ils ne sont pas directement victimes de la violence, il n’y a pas de problème? Faux!!! Très souvent, les enfants sont témoins de la violence conjugale, ce qui est aussi pire que de la vivre. Ils entendent ce qui se passe de leur chambre à coucher, ils voient les marques sur le corps de leur mère. Ils se sentent impuissants, ont peur pour leur mère, vivent dans un climat de tension constant, etc.
Et parfois, ils sont aussi victimes des différentes formes de violence, par exemple s’ils tentent de protéger leur mère, s’ils défient leur père. Plusieurs enfants se croiront responsables de la violence de leur père, plusieurs aussi se sentiront pris dans un conflit de loyauté, comme s’ils devraient avoir un parti pris. Doivent-ils arrêter d’aimer leur père parce qu’il fait du mal à leur mère?
Sans parler de l’aliénation parentale dont ils sont souvent victimes, c’est-à-dire un parent qui discrédite l’autre, si bien que l’enfant ne sait plus qui croire et sur quel pied danser.
Si vous vivez ou avez vécu de la violence conjugale, si vous remarquez chez vos enfants des répercussions négatives, n’hésitez pas à demander de l’aide, ne serait-ce que pour vous déculpabiliser…
Nous pouvons vous aider!